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Le chargeur universel USB-C en Europe : la fin de la dépendance en 2024 ?

En discussion avec les acteurs du secteur depuis 2009, la Commission Européenne vient de soumettre aux votes du Conseil Européen et du Parlement, son projet de loi pour appliquer, à l’horizon 2024, une directive en vue d’imposer un chargeur universel de type USB-C, pour tous les appareils radioélectriques vendus dans l’Union Européenne.

Progression de l’USB

L’Universal Serial Bus, en abrégé USB, initiée dans les années 90, est la spécification qui standardise ces adaptateurs et qui permet de connecter les objets électroniques depuis les ordinateurs et leurs périphériques (claviers, souris, lecteurs et disques externes) jusqu’aux téléphones sans fils en passant par divers objets du quotidien (tablettes, casques d’écoute, appareils photos numériques, consoles de jeu portables, enceintes portables …), soit pour les alimenter et les charger, soit pour transférer les données.

Au fil du temps et des exigences de progrès, le bus série universel est parvenu à son apogée avec l’actuel USB-C, qui a l’avantage d’être inversible par symétrie, contrairement à ses prédécesseurs qui ont un détrompeur à respecter lors du branchement.

Proposition de la Commission Européenne

En 2009, un accord a été signé entre la Commission Européenne et les principaux acteurs du secteur des appareils radioélectriques afin de réduire de 30 à 3, le nombre de solutions de recharge pour téléphones mobiles en uniformisant la charge par port USB 2.0 Micro-B.

Malgré le succès presque mondial dans l’application de cette entente, la Commission constate depuis 2014, date d’expiration du dit-accord, que certaines solutions de charge propriétaires, bien que non interdites par l’accord, continuent de prospérer.

Et c’est ainsi qu’en Janvier 2020, sur la base d’une analyse lancée en 2018, le Parlement Européen a pris une résolution demandant l’adoption urgente d’une norme pour un chargeur universel pour téléphones mobiles.

La proposition actuelle vise à prévenir la fragmentation du marché en ce qui concerne les interfaces de charge et les protocoles de communication pour la charge, à améliorer la commodité pour les consommateurs et à réduire les déchets électroniques. En particulier, elle :

- Harmonise l’interface de charge des téléphones mobiles et des catégories ou classes d’équipements radioélectriques analogues (tablettes, appareils photographiques numériques, casques d’écoute et casques-micro, consoles de jeux vidéo portatives et haut-parleurs portatifs) qui sont rechargés par câble, de sorte qu’ils puissent être rechargés à l’aide d’un connecteur femelle universel ;

- Garantit que ces appareils, lorsqu’ils permettent une recharge rapide, intègrent au moins le même protocole de communication pour la charge ;

- Permet une harmonisation future dans ce domaine en fonction de l’évolution technologique, y compris l’harmonisation de tout type de charge autre que la recharge filaire ;

- Introduit des exigences tendant à ce que les utilisateurs finaux ne soient pas obligés d’acheter un nouveau dispositif de recharge à l’achat d’un nouveau téléphone mobile ou d’un équipement radioélectrique analogue et ;

- Introduit des exigences visant à ce que, lors de l’achat d’un téléphone mobile ou d’un équipement radioélectrique analogue, les utilisateurs finaux reçoivent les informations nécessaires sur leurs caractéristiques en matière de charge et sur le dispositif de recharge qui peut être utilisé.

Les chargeurs sans fils, qui font leur apparition sur le marché, ne sont pas concernés par ce projet de loi.

Les acteurs semblent y trouver leur compte aussi, à l’exception de Apple, désigné dans le texte par « un grand fabricant de téléphones mobiles », qui évoque un frein à l’innovation, une déclaration à l’opposé de celle de la Commission Européenne.

Autour du chargeur universel en projet / Source : Commission Européenne

 

Des atouts pour la normalisation

Fort de son succès, les connecteurs USB sont devenus, après les années 2010, non seulement l’interface des objets liés à internet, mais aussi celle de nos appareils au quotidien : ordinateurs portables, lampes de bureau et lampes torche à LEDs, batteries de secours, etc. Et c’est à raison que la Commission insiste dans la proposition, sur la technologie d’alimentation électrique par port USB (USB Power Delivery, abrégé USB PD) en distinguant :

-        Pour la charge à des tensions supérieures à 5 volts ou à des courants supérieurs à 3 ampères ou à une puissance supérieure à 15 watts, doivent intégrer la technologie d’alimentation électrique par port USB PD, telle que décrite dans la norme EN IEC 62680-1-2: 2021 «Interfaces de bus universel en série pour les données et l’alimentation électrique – Partie 1-2: Composants communs – Spécification de l’alimentation électrique par port USB» ;

-        Pour une puissance inférieure à 60 Watts, la conformité du câble à la norme EN IEC 62680-1-3: 2021 « Interfaces de bus universel en série pour les données et l’alimentation électrique – Partie 1-3: Composants communs – Spécification des câbles et connecteurs USB Type-C™ ».

Il convient de signaler que la technologie de charge USB PD 3.0 permet de charger à 5 Volts, 9 Volts, 15 Volts ou 20 Volts par un courant configurable jusqu’à 5 Ampères pour une puissance maximale de 100 Watts ; conformément à la norme EN IEC 62680-1-2: 2021.

Les points essentiels du projet de chargeur universel / Source : Commission Européenne

Les normes IEC 62680 et 62684 sont publiées par la Commission Electrotechnique Internationale (CEI) avec la contribution de USB Implementers Forum (USB-IF).

L’avantage de ce choix européen vient favoriser la généralisation du Courant Continu à Basse Tension (Low Voltage Direct Current en anglais, abrégé LVDC) dans les espaces privés et publics.

Le succès de cette initiative contribuera significativement aux travaux en cours de la CEI, notamment ceux du Comité Système LVDC, abrégé SyC LVDC, en vue de promouvoir l’utilisation directe du courant continu en évitant de multiples conversions au travers d’onduleurs et de redresseurs, source de surcoûts et de risques, afin de faciliter l’utilisation des énergies renouvelables, notamment de l’énergie solaire photovoltaïque, dans l’accès à l’électricité loin des zones couvertes par les réseaux électriques.

En bref

La Commission Européenne estime que la généralisation de l’adaptateur USB-C pour tous ces objets dans l’Union Européenne permettrait par année de sauver environ :

-        980 tonnes de déchets ;

-        2 600 tonnes de matériaux ;

-        180 000 tonnes d’équivalent CO2 ;

-        250 millions d’Euros aux consommateurs ;

-        457 millions d’Euros de chiffre d’affaires aux détaillants et aux distributeurs ;

Contre une diminution de 352 millions d’Euros de chiffre d’affaires pour les fabricants mondiaux.

Il reste à espérer que cette initiative aboutisse à son terme et que d’autres Nations adoptent les mêmes règles afin d’accompagner les transitions énergétique, numérique et écologique.

 

Source : Commission Européenne, USB Implementers Forum, International Electrotechnical Commission, Wikipédia.