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Réseaux électriques et climat : construire aérien ou enfouir ?

Les feux de forêt et les inondations qui alimentent l’actualité font bouger les lignes entre les avantages et les inconvénients de l’établissement des réseaux électriques en aérien ou (et) en souterrain ; choix qui devraient dorénavant prendre en compte l’influence des changements climatiques sur l’environnement de ces ouvrages.

Les feux qui ravagent la Californie aux Etats-Unis depuis plusieurs jours ont été initiés par la chute d’un arbre, bien qu’éloigné de la ligne, créant ainsi un court-circuit à la terre et le début des feux qui se sont propagés dans la région avec l’aide des vents et des températures extrêmes.

Mais ces feux auraient tout aussi pu provenir de la foudre comme récemment entendu ailleurs en Amérique du Nord, en Europe, en Australie ou au Canada. La question qui se pose est celle de savoir si les modèles d’ingénierie adoptés jusqu’à présent sont toujours à la hauteur de la sécurité et de la fiabilité attendues.

Les réseaux électriques dans le monde sont à dominante aériens pour plusieurs bonnes raisons. Mais si en Europe, les réseaux dans les centres urbains sont pour la plupart enterrés, il n’en est pas de même en Amérique du Nord où pylônes et poteaux supportant des conducteurs sont visibles dans les villes à tous les niveaux de tension, faisant de ces ouvrages une partie remarquable du paysage.

Il est indéniable que le réseau souterrain est d’un coût plus élevé par rapport à l’aérien, mais ce ne serait pas une raison pour oublier sa complémentarité car en contrepartie, son implémentation procure un gain sur la sécurité des personnes et des ouvrages d’une part et sur l’espace libéré en surface d’autre part. Ce qui se justifie en zone urbaine avec la densité des populations et des constructions.

Par contre, dans les zones semi-urbaine et rurale, il est courant de n’avoir que des réseaux aériens pour atteindre les populations dispersées, en choisissant des supports plus ou moins légers suivant les niveaux de tension et en gardant à distance raisonnable la végétation, ce qui permet de limiter au stricte minimum les dégâts sur l’environnement local.

Les incendies en cours en Californie sont une illustration des changements à opérer sur les modèles de réalisation des lignes électriques. L’Opérateur local d’électricité, Pacific Gas and Electric Co. (PG&E), a d’ailleurs reconnu le fait que tout ait commencé avec l’arbre renversé sur sa ligne.

Ces incendies remettent en cause les critères de conception qui ont prévalus jusqu’à présent, si l’on considère que les chutes d’arbres ou de foudres en font autant un peu partout dans le monde ; sans oublier les chutes abondantes de neige qui ont récemment paralysé les réseaux électriques du Texas voisin, réseaux essentiellement aériens.

Prenant acte de la situation, PG&E a entrepris d’enterrer environ 16 km des réseaux concernés en les reconstruisant; d’adopter des structures plus robustes et même des conducteurs isolés par endroit, afin de les tenir alimenter si de tels incidents venaient à se produire à l’avenir dans ces zones à risque. Cette reconstruction bénéficierait également des technologies actuelles (automatisation des protections, acquisition et gestion intelligente de données …), pas toujours aisées à mettre en œuvre dans des réseaux vétustes existants.

L’enfouissement des réseaux, d’après cet Opérateur, va d’ailleurs bénéficier du transfert d’une partie du budget réservé à la gestion de la végétation et probablement de la mutualisation avec d’autres Opérateurs, notamment des télécommunications ; tous vulnérables aux feux en surface. Ceci pour soutenir qu’il faut toujours peser les avantages et les inconvénients dans chaque cas.


La communication vidéo de PG&E peut être consultée ici.


Les réseaux d’eau potable, d’électricité et de communication sont mis à l’épreuve des catastrophes naturelles en cours que sont les feux de forêt, les inondations, des glissements de terrain, des typhons et autres ouragans, qui se produisent un peu partout à la surprise générale.

Ces phénomènes attribués aux changements climatiques sont appelés à augmenter, d’après les alertes du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), et la résilience globale repose sur celle des réseaux électriques qui alimentent les systèmes d’eau potable ainsi que ceux de communication et de télécommunication sans lesquels les réponses sont plus lentes et les risques augmentés.

La fiabilité et la résilience des réseaux électriques, autant en construction qu’en rénovation, en aérien comme en souterrain, dépendent de l’intégration des paramètres liés aux changements climatiques qui ne vont pas cesser de nous surprendre.